Dans la tête de… Lionel Sabatté

Dans la tête de Lionel Sabatté une multitude d’influences et d’inspirations gravitent. Après trois mois de résidence hivernale à Chambord, l'artiste se livre sur cette expérience unique. Elle a donné vie à « Pollens Clandestins », une exposition de 150 œuvres. Il raconte

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Pouvez-vous nous expliquer les spécificités du travail en résidence pour un artiste ?

C’est toujours une expérience unique d’être en résidence et il n’y a pas vraiment de spécificités communes entre elles. Chacune à ses propres singularités. Pour le cas de Chambord, c’est d’abord un endroit riche d’histoire et d’imaginaire. Trois choses ont inspiré ma résidence : le château d’abord, les jardins ensuite et, enfin, la forêt. J’ai eu l’impression de vivre trois expériences en une tellement chacun de ces territoires convoquait un imaginaire particulier. J’ai donc travaillé d’après ce que l’endroit m’offrait et suivi un parcours en trois étapes en commençant par le château pour finir dans la forêt. Eu égard à mon travail et à mes affinités artistiques, c’est évidemment elle qui m’a le plus inspiré. C’est à son contact que j’ai réalisé La Dame du Lac, une chouette de 5 mètres faite de fers à béton enracinés dans le sol, recouverts de ciment et de filasse.

À quoi ressemble une journée en résidence à Chambord ? Quelles étaient vos « routines » artistiques ?


D’abord on se lève tôt, vers 6h30, et on commence la journée par un bon petit déjeuner. J’étais aidé dans mon travail par mes assistants, Baptiste et Pablo. Les conditions hivernales rendaient le travail en extérieur assez difficile mais j’aimais cela. Je suis influencé par l’art pariétal et pense qu’il faut créer dans la difficulté, sortir de sa zone de confort… le résultat s’en ressent sur l’œuvre. À 8 heures, aux premières lueurs du soleil, nous étions sur le site et y restions jusqu’à la tombée de la nuit, vers 18 heures à cette période. Nous bivouaquions sur place – pas question de se déconnecter – et prenions fréquemment une heure dans la journée pour s’imprégner de l’environnement, contempler et observer l’avancée de notre travail avec un peu de recul.

Les conditions hivernales rendaient le travail en extérieur assez difficile mais j’aimais cela. Je suis influencé par l’art pariétal et pense qu’il faut créer dans la difficulté, sortir de sa zone de confort…

Quelles ont été vos sources d’inspirations et en quoi la Région CVDL a-t-elle résonné comme une « Terre de création » pour vous ?


J’ai été subjugué par la beauté des paysages et par cette nature très présente. La physionomie du territoire fait écho pour un artiste comme moi. Mais c’est un endroit où la nature et l’histoire se rejoignent avec, en son centre, l’être humain. Et Chambord en est un exemple iconique. Ce n’est même plus un bâtiment, c’est une idée tout autant qu’une créature au milieu de sa forêt.

Quel a été votre processus créatif ? Votre cheminement pour accoucher de vos œuvres actuellement exposées ?


J’ai travaillé avec deux principaux matériaux à faible valeur pour cette exposition : la poussière et les fibres textiles récupérées dans les aspirateurs de Chambord. La poussière est celle laissée par des millions de visiteurs du château. Elle raconte leur passage, elle est elle-même chargée de tout ce qu’ils ont ramené de leurs promenades en forêt. Elle porte en elle la valeur symbolique de la circulation des gens sur le territoire. À cela se mêlent les fragments de tissus de la demeure, un matériau plus noble et plus ancien. Tout cela se mélange dans mes peintures et pose la question de la valeurs des choses. Cette poussière incarne une richesse symbolique inestimable et incarne la liberté, puisqu’elle n’appartient à personne et nous contient tous.

Le + : Dans les jardins et le domaine, laissez-vous surprendre par le spectaculaire ensemble de « Champs d’oiseaux » : 29 sculptures de tailles différentes installées dans les jardins à la française, face au château.

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Et pour vous donner envie : www.chambord.org/fr/lionel-sabatte-a-chambord-pollens-clandestins/