Rencontre avec la fille de Robert Doisneau

Rencontre avec Francine Deroudille, fille de Robert Doisneau en marge de l’exposition « La Loire, journal d’un voyage ».

Publié le – Mis à jour le

Temps de lecture :

Quel est votre rapport à la photographie ?


J’ai eu une enfance baignée par la photographie, avec l’atelier de mon père au cœur de l’appartement familial. Plus tard, j’ai travaillé dans l’agence photographique Rapho pendant 20 ans, avant de créer avec ma sœur Annette l’Atelier Robert Doisneau pour conserver et diffuser le travail de notre père. J’ai donc un rapport très professionnel à la photographie, plus que sentimental.

Vous pensez avoir tout vu de son travail ?


On pourrait se dire, et j’avais cette crainte d’ailleurs, qu’après avoir travaillé en agence avec plusieurs artistes, sur plusieurs collections, on pourrait se lasser de ne travailler que pour un artiste. Ce qui est formidable, c’est qu’il a travaillé pendant très longtemps avec constance, avec obsession même. Il a incroyablement bien archivé son travail, ce qui nous facilite la tâche. Et l’on se retrouve devant 450 000 négatifs, sur des sujets variés. À chaque nouvel ouvrage ou nouvelle exposition, on découvre de nouvelles photos et de nouveaux sujets, encore aujourd’hui.

Mon père était un homme de rivière, avec un imaginaire très fort autour de l’eau

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’exposition organisée dans le cadre du Festival de Loire ?


L’exposition a une histoire intéressante. En 1976, Jean-Loup Sieff, photographe et ami de mon père, monte une collection qui s’appelle « Carnets de Voyage ». L’idée est de proposer à plusieurs photographes de faire le voyage de leur choix et de l’immortaliser en photo, en l’accompagnant d’un texte. Les photographes ont carte blanche sur la destination : quand certains choisissent Fès, la Vallée du Nil ou la Vallée de la Mort, mon père choisit… la Loire. D’une part parce qu’il ne pouvait pas s’éloigner de Paris, mais surtout parce que c’était un homme de rivière, avec un imaginaire très fort autour de l’eau. Pendant un an, il a fait des allers-retours pour documenter son carnet de voyage. Il était totalement emballé par son sujet, qu’il a traité avec grande passion. Dans ses photos, on retrouve son humour, son côté ethnologue amusé, gentiment moqueur. C’était un photographe littéraire, plus proche des écrivains que des plasticiens. Et là pour la 1re fois, il se met à son bureau et écrit un texte sur la Loire. L’exposition montre ses photos accompagnées de ses propres commentaires, c’est à la fois captivant et amusant.

Comment inciteriez-vous le public à découvrir l’œuvre de votre père ?


Mon père a fait des photos très faciles à « lire », il s’adresse à tous les publics, pas seulement aux gens qui ont une culture photographique. Ce n’est pas une exposition intimidante. Les photos ont été remises en perspective par Thomas Sorrentino et son équipe qui organisent l’exposition. Ses photos intègrent toujours l’Histoire : l’histoire de France avec les châteaux de la Loire mais aussi l’histoire des pêcheurs et des gens qui vivent sur les rives d’un grand fleuve.

Exposition « La Loire, journal d’un voyage » dans le cadre du Festival de Loire
Du mercredi 20 au dimanche 29 septembre 2023
Gratuit
Quai du Roi, 45000 Orléans

Vos sorties de “Patrimoine” [Nouvelles Renaissance(s] en Centre-Val de Loire] (retour à l'accueil) Voir + DINSPIRATIONS “Patrimoine”