Concerts d’Automne : le piano-pédalier en première mondiale

Très en vogue au XIXe siècle, le piano-pédalier est remis à l’honneur le 21 octobre, lors d’un concert exclusif.

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Le festival « Concerts d’Automne » à Tours dépoussière le piano-pédalier

Le festival Concerts d’Automne lance cette saison le cabinet de curiosités, consacré aux instruments rares. Premier mis à l’honneur de ce nouveau cycle, le piano-pédalier.

Présenté au public en 1851 par la maison Érard, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris, il doit tout simplement son nom à son pédalier, semblable à celui d’un orgue. Très à la mode au XIXe siècle, il séduit Gounod, Liszt, Saint-Saëns, ou encore Alkan qui adaptent ou composent des pièces spécialement pour lui. Des œuvres de Bach ou Mozart ont même été transcrites pour être jouées au piano-pédalier.

Le piano-pédalier, retour d’un instrument oublié

Roberto Prosseda, soliste régulièrement invité par de prestigieux orchestres – Accademia Santa-Cecilia de Rome, Filarmonica de la Scala de Milan ou encore Berliner Symphoniker – est l’un des rares pianistes à se produire au piano-pédalier.

Pour ses concerts, cet Argentin a réuni deux pianos, utilisant le clavier de l’un et se servant de l’autre piano renversé comme pédalier. Une solution jugée pas entièrement satisfaisante selon lui ; le facteur Chris Maene, créateur du piano Barenboim, a donc été sollicité pour créer un « vrai » piano-pédalier dans son atelier en Belgique. Pour cette refabrication soutenue par la Région Centre-Val de Loire, il s’est basé sur des plans d’époque et a pu compter sur l’expertise de Roberto Prosseda.

Le 21 octobre au Grand Théâtre, ce piano fera sa grande première en exclusivité mondiale dans le cadre des Concerts d’Automne. Une inauguration enregistrée et rediffusée par Radio Classique, partenaire de l’évènement. Lors de cette représentation seront joués des morceaux de Bach, Mozart, Schumann et Liszt.

Trois questions à Chris Maene, facteur de piano-pédalier

Aviez-vous déjà été sollicité pour « ressusciter » un instrument oublié ?

Nous avons été sollicités à de nombreuses reprises pour fabriquer diverses répliques de pianos historiques (Stein, Walter, Clementi, Erard, Fritz…), issus de l’histoire de la musique et de ses compositeurs.
Pour fabriquer une réplique, nous partons toujours d’un instrument existant. La conception originale fait l’objet de recherches et est entièrement dessinée. Les matériaux sont soigneusement examinés et ceux qui sont identiques sont tracés. Enfin, la méthode de travail est entièrement reconstituée.

Quelles étaient les principales difficultés avec la conception de ce piano-pédalier ?

Concevoir soi-même un nouveau type d’instrument demande beaucoup d’imagination, de fantaisie, mais aussi de perspicacité et d’expérience. Roberto Prosseda a recommandé de construire un instrument sur lequel le répertoire du passé pourrait être joué, mais pour lequel de nouvelles compositions auraient également des possibilités supplémentaires.
C’est pourquoi il a recommandé un grand jeu de 32′, 16′ et 8′ pieds : cela signifie que le pédalier a 32 touches, mais que le piano à pédales en a 56. Comme les jeux doivent pouvoir être activés et désactivés, un système de transmission complexe a été conçu.

À quelle différence peut-on s’attendre entre le son d’un piano ordinaire et un piano-pédalier ?

Roberto Prosseda souhaitait un son où le piano à pédales s’efface un peu, et s’ajoute au son du piano à queue de concert qui se trouve au-dessus.
À cette fin, nous avons conçu une caisse de résonance entièrement nouvelle, dans laquelle le piano à pédales a la forme d’une scène sur laquelle peut être placé le piano à queue de concert. Au niveau de la conception, les cordes sont réparties plus largement sur la grande table d’harmonie et les têtes de marteaux sont beaucoup plus larges que sur les pianos à queue contemporains.